Compositeurs

Lili Boulanger

Connaissez vous le prix de Rome ? Ce concours prestigieux est fondé en 1663 par les académies royales de l’ancien régime et les premiers peintres et sculpteurs lauréats ont accès à une résidence artistique à Rome dès 1666. L’architecture rejoint les disciplines primées en 1720, et la composition en 1803. C’est alors l’Institut de France qui décerne les prix, et le « premier grand prix » est invité pour trois ans à l’Académiede France à Rome. Ce n’est malheureusement qu’en 1903 que les femmes peuvent concourir au prix de Rome, grâce notamment à l'action militante intense de la sculptrice Hélène Bertaux. La première lauréate du grand prix est la sculptrice Lucienne Heuvelmans, en 1911, suivie en 1913 par Lili Boulanger, première femme titulaire de la catégorie composition musicale.

Lili Boulanger, compositrice de génie, née à Paris en 1893 et décédée en 1918 dans les Yvelines, est issue d’une famille de musicien. Sa mère est une cantatrice et son père est un compositeur, lui-même lauréat du grand prix de Rome en 1835. Sa sœur Nadia Boulanger, de 6 ans son aînée, est célèbre pour ses activités de pianiste, compositrice, cheffe d’orchestre et pédagogue. Elle a marqué la composition et la direction d’orchestre du vingtième siècle. On pourra notamment citer parmi ses élèves  Marion Bauer, Daniel Barenboim, Grażyna Bacewicz, Astor Piazolla, Eugénie Rocherolle, Michel Legrand, Flore Wend, George Gerschwinn et Diane Bish.

Bien entourée dès son plus jeune âge de sa sœur Nadia, mais aussi du compositeur Gabriel Fauré, Lili Boulanger montre une créativité et une virtuosité d’écriture hors-norme. Elle intègre le Conservatoire National Supérieur en 1909 dans la classe de composition musicale de Paul Vidal. Gravement malade dès l’enfance, elle succombe en 1918 à la tuberculose intestinale. Sa santé fragile aura marqué son œuvre, qui s’appuie sur une tradition expressionniste française, dans la lignée de compositeurs comme Claude Debussy, Maurice Ravel et Gabriel Fauré, mais est teintée d’une dimension mystique.

On retrouve ces influences dans les trois morceaux pour piano, composés en 1914, lors de la résidence de l’artiste à la villa Médicis à Rome, dans le cadre de son succès au grand prix. Gabrielle Fix interprétera le deuxième morceau d’un jardin clair  pendant le festival . Dédicacée à Geneviève Ninette Salles, petite -fille de Gustave Eiffel, on peut y entendre une fluidité aquatique héritière de Debussy, mais aussi une grande mélancolie que la pianiste Anne-Lise Gastaldi rapproche de la lettre écrite par Marcel Proust à Armand de Guiche en 1912 : « Connaissez-vous à Paris un vieux jardin démodé où il y ait beaucoup de fleurs ? J’ai la grande nostalgie de ces choses. »

Une sculpture du buste de l’artiste, réalisé par Lucienne Heuvelmans – souvenez-vous, la première femme à obtenir le prix de Rome ! – fait partie des collections du musée de la philharmonie de Paris. Sa photographie est effectuée par Claude Germain.

Pour continuer à découvrir cette fabuleuse artiste, regardez sa vidéo de présentation par France Musique sur YouTube :


Ludwig Van Beethoven

On ne présente plus Ludwig van Beethoven, compositeur allemand né en 1770 et décédé en 1827. Héritier des grands compositeurs du classicisme viennois, dont Haydn et Mozart, sa liberté artistique et son génie ouvrent la porte au romantisme musical, notamment lorsqu’il révolutionne l’écriture symphonique. 


La fameuse troisième symphonie est considérée pour certains comme la première symphonie romantique. En effet, bien que gardant une structure similaire aux symphonies classiques, elle se distingue par sa longueur et Beethoven y déploie une palette d’émotions extraordinaire pour son époque. L’artiste affirme aussi son identité en changeant la dédicace : initialement dédiée à Napoléon, cette symphonie est renommée Symphonie Héroïque lorsque l’artiste apprend que Bonaparte est sacré empereur en 1804.


Beethoven est aussi un très grand compositeur de musique de chambre. Ses 16 quatuors à cordes sont probablement les plus grands monuments jamais composés pour cette formation, et influencent tous les compositeurs, parmi lesquels Bela Bartók. 


Les  musiciens du festival interpréteront le Septuor pour cordes et vents en mi bémol majeur, opus 20, pour violon, alto, violoncelle, contrebasse, clarinette, cor et basson. Ils joueront aussi le Rondino en mi bémol majeur,  opus 103. Cet octuor à vent est composé pour deux hautbois, deux bassons, deux cors et deux clarinettes. Il paraît que le célèbre compositeur n’était pas toujours apprécié des musiciens de son époque pour la difficulté de ses œuvres. Ce n’est pas le cas des musiciens du festival, qui sont ravis de vous proposer cette pièce révolutionnaire de virtuosité !


Et pourquoi pas écouter un podcast de france musique sur ce grand compositeur ? 

https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/le-van-beethoven/une-heure-un-compositeur-ludwig-van-beethoven-4638086


Franz Schubert

Franz Schubert est un compositeur romantique autrichien, né en 1797 et décédé en 1828. Connu pour ses symphonies, ses lieds, sa musique sacrée avec chœur, il est l’un des plus grands compositeurs de musique de chambre du dix-neuvième siècle. 


Le saviez-vous ? Le musicologue autrichien Otto Erich Deutsch a référencé l’ensemble de son œuvre en 1951 et c’est pour cette raison que les opus du célèbre compositeur sont précédés de l’abréviation D. pour « Deutsch-Verzeichnis ». De même, les compositions de Mozart sont répertoriées selon la numérotation « KV » pour Köchel Verzeichnis !


Tube de musique de chambre, le quintette à cordes en do majeur, D. 956, est écrit pour deux violons, un alto et deux violoncelles et les musiciens du festival interpréteront son Adagio. Cette formation, déjà présente chez Boccherini, diffère de celles des quintettes à cordes de Mozart où il n’y a qu’un violoncelle et deux altos. L’ajout d’un second violoncelle permet de tirer la sonorité vers des registres plus graves et c’est  l’occasion pour de nombreux quatuors à cordes constitués d’inviter un violoncelliste supplémentaire pour jouer ce chef d'œuvre. Et vous, quelle est votre version favorite ? La tribune des critiques de Disque, sur France Musique a un avis très tranché, que vous pouvez écouter ici : https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/la-tribune-des-critiques-de-disques/quintette-a-deux-violoncelles-de-schubert-9827481



György Ligeti 

György Ligeti est un compositeur hongrois, naturalisé autrichien, né en 1923 en Roumanie et décédé en 2006 en Autriche. Les lois antisémites l’empêchèrent de suivre les études scientifiques vers lesquelles ses parents souhaitaient l’orienter et ce fut à l’académie de musique de Budapest qu’il étudia. Il souffrit de la répression hongroise et fut même contraint de quitter la Hongrie en 1956,  où il se réfugia en Allemagne et travailla avec le compositeur Stockhausen à Cologne. 


Les musiciens du festival vont interpréter les six bagatelles pour quintette à vent, composées en 1953, alors que le compositeur habitait encore Budapest. Cette pièce pour flûte, hautbois, clarinette, basson et cor est décrite par le compositeur lui même comme du « Ligeti préhistorique ». Toujours selon les mots du compositeur ,elles «sont dérivées d’une série de pièces pour piano (Musica ricercata), écrites entre 1951 et 1953, période de mon isolement artistique. Mon but était de m’éloigner de l’influence de Bartók et Stravinsky et de définir un style personnel, mais je n’y parvins que partiellement : dans la première pièce, l’empreinte de Stravinsky est évidente tandis que la cinquième évoque délibérément les gestes musicaux de Bartók ».


Pour plus d’information sur le compositeur et un interview du compositeur Michaël Levinas à propos de sa relation avec Ligeti, vous pouvez écoutez en podcast, Les nuits de France Culture, György Ligeti : "Ma musique donne l'impression d'un courant continu qui n'a ni début ni fin" au lien suivant : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-nuits-de-france-culture/gyoergy-ligeti-ma-musique-donne-l-impression-d-un-courant-continu-qui-n-a-ni-debut-ni-fin-3176182


Vous pouvez aussi consulter les notes du compositeur sur le site d’information de l’IRCAM : 

https://brahms.ircam.fr/fr/works/work/10170/

Antonín Dvořák 

Antonín Dvořák est un compositeur Tchèque né en 1841 et décédé en 1904. Son œuvre prolifique lui vaut un succès de son vivant, et il travaille en Europe, en Russie et aux Etats-Unis. Il y compose sa célèbre neuvième symphonie, “du Nouveau Monde”, qui fait partie du répertoire le plus joué par les orchestres du monde entier. Héritier des grands compositeurs romantiques, ses inspirations sont diverses, et il emprunte notamment lors de ce séjour américain des procédés caractéristiques du Blues, qu’on peut découvrir dans son douzième quatuor à cordes.


Il développe de nombreuses compositions à l’aide de la musique populaire, comme en 1877 avec les Danses écossaises, puis en 1878 avec les Danses slaves, initialement écrites pour piano à quatre mains, puis orchestrées par le compositeur, qui font écho aux fameuses Danses hongroises de Brahms. Les thèmes et rythmes des musiques traditionnelles de Bohème et de Moravie y sont alors une source d’inspiration majeure. 


On retrouve ces influences slaves dans la très dynamique Sérénade pour instruments à vent, Opus 44, que les musiciens du festival interpréteront, avec deux hautbois, deux clarinettes, trois cors, deux bassons, un violoncelle et une contrebasse !


Si vous souhaitez en savoir plus sur cette pièce et découvrir d’autres compositeurs d’Europe de l’est pour lesquels l’oeuvre de Dvorak a été déterminante, comme Bohuslav Martinů, nous vous invitons à écouter le programme classique d'Édouard Niqueux : Plein Est !, paru sur France Musique en juillet 2021 : 

https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/ete-classique-matin/le-programme-classique-d-edouard-niqueux-plein-est-beethoven-schoenberg-dvorak-rachmaninov-2269307